Pur
Français d’Égypte (sans aucun mot arabe). |
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Parole
d’honneur, je trouve tous ces Parisiens toqués! À peine que je suis arrivé à
l’hôtel, le patron est monté sur les escaliers, a ouvert ma chambre et a
allumé la lumière. Pendant que j’inspectais le cabinet, je lui ai fait
remarquer qu’on avait oublié de tirer le siphon. Il m’a regardé de travers, à
moi, et il est sorti en claquant la porte. Eh bien, moi je vais lui montrer.
Le lendemain à mon réveil, j’ai enlevé mon pyjama en castor et suis allé au
bain pour me laver et comme il n’y avait pas de burnous, j’ai dû me contenter
des essuie-mains. Après avoir fait mes besoins et être allé de corps, j’ai
habillé ma flanelle, ma chemise en fresca, et mon pantalon fil-à-fil. J’ai
aussi habillé mes chaussettes, mes souliers, et ma jacquette en chamois marron,
au lieu de mon costume gris. Je me suis coiffé les cheveux et en ouvrant le
robinet, je me suis coupé le doigt et je suis descendu en bas pour me faire
bander par le patron de l’hôtel, qui m’a de nouveau regardé de travers à
peine que j’ai ouvert ma bouche. |
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J’ai
bu un café et j’ai ensuite demandé au garçon une gazeuse. J’ai eu droit à
encore un regard de travers, alors j’ai dû lui montrer ce que je voulais avec
le doigt en précisant “avec un chalumeau, s’il vous plait.” “À souder,
Monsieur, qu’il me dit?” Où donc ont-ils appris le français, ces gens là? Ça
m’a complètement passé l’envie de lui demander des rosquettes. |
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Le
portier de l’hôtel est sûrement un barbarin, parce qu’il ne comprend rien de
ce que je lui dis. J’ai fait mon blanc de passer outre. Au restaurant j’ai
demandé au garçon s’il avait des cornes grecques. Il a failli me frapper et
puis m’a répondu en me regardant lui aussi de travers “Oui Monsieur, je suis
Grec, mais je ne suis encore même pas marié.” D’où par où* cette réponse? Je
lui ai demandé “C’est le combien aujourd’hui?” Encore un regard de travers,
et encore un autre quand c’est lui qui m’a demandé l’heure et que j’ai
répondu “Deux heures et demie et 5**!!!” |
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Dans
la rue j’ai rencontré un ami d’Égypte qui m’a annoncé que sa soeur s’épousait
bientôt et qu’elle mariait un vrai bonbon de garçon avec qui elle marchait
déjà depuis longtemps mais qui n’avait même pas encore osé lui faire une
brosse. Il m’a invité à venir prendre un vrai café chez lui en me promettant
qu’il le ferait sur une spiritière authentique. En le quittant, je suis monté
sur le métro dans lequel il y avait beaucoup du monde, mais pas avant de
m’être arrêté chez un légumier pour pouvoir mouiller mon gosier avec une
mandarine. |
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Mes
parents s’inquiètent sur moi. Je leur(s) ai dit de ne pas se faire du mauvais
sang, même si la France ne sera jamais rien à comparaître avec l’Égypte. |
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Source:
Clement Dassa |
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