Les Noms des Familles Juives dans les Etats Civils Libanais
par Nagi Georges ZEIDAN


En 1932, sous la surveillance des français au Liban, tous les recensements ont été faits pour toutes les religions qui existent au Liban. Dans ces recensements chaque famille porte un numéro (ex : N°1 d’enregistrement, N°2 d’enregistrement, etc.).

Le secret de ces numéros d’enregistrement est le suivant :

Par exemple on trouve une famille qui porte un numéro d’enregistrement qui est 1 et un frère de cette même famille porte un numéro différent (par exemple le n°14) et le n°2 sera attribué à une autre famille. C’était une belle histoire, le monde entier l’a oubliée. Elle est uniquement dans la mémoire des personnes âgées et des chercheurs.

Si nous prenons mon cas comme exemple : mon nom est : Nagi Girgi ZEIDAN mon numéro d’enregistrement est le N°1, de religion orthodoxe et habitant à Wadi-Chahrour Ulia. Pourquoi je possède le N°1 ? C’est parce que, à Wadi-Chahrour Ulia, pendant les recensements de 1932 existaient deux communautés : les chrétiens maronites et les chrétiens orthodoxes.

En ce qui concerne la communauté Orthodoxe : Par l’intermédiaire de mon père ainsi que de mon oncle et après des recherches à partir de sources différentes, j’ai appris comment les recensements se sont déroulés. Mon père avait 12 ans, mon oncle avait 9 ans. La maison de mon grand-père où habitait toute la famille était la dernière maison à Wadi-Chahrour Ulia pour les chrétiens orthodoxes.

Un agent chargé du recensement est venu chez mon grand-père Selim. Cette personne était accompagnée d’un Moukhtar (Maire actuellement en France) de ce village.

Cet agent a commencé son questionnaire en demandant à mon grand-père son âge, sa date et lieu de naissance, le nom de sa mère, sa situation familiale, sa profession. Après il a commencé à questionner ma grand-mère de la même façon. Ensuite, cet agent a commencé à demander les prénoms et âges de chaque enfant.

Toute cette opération s’est faite en présence du Moukhtar qui supervisait en surveillant si toutes les réponses étaient exactes ou fausses car il est sensé connaître toutes les personnes de ce village.??

Avec ce recensement on a obtenu le N°1 car mon grand-père était le premier à s’être enregistré et sa maison était la dernière dans ce village.

Le frère de mon grand-père son prénom est Amin, sa maison était mitoyenne à celle de mon grand-père. Cet agent est allé chez lui mais ne l’a pas trouvé. A ce moment là Amin était au travail. L'agent s’est adressé à la 3ème maison qui n’a rien à voir avec notre famille. Cette famille a obtenu le N°2.. Une fois que le frère de mon grand-père était chez lui, l’agent est venu le voir pour le recensement et lui a attribué le N°3.

Le N°1 ne veut absolument pas dire que c’est le plus ancien du village mais plutôt il correspond à la maison la plus éloignée du village.

Parfois, une veuve, ou un veuf ou bien un célibataire habitant tout seul obtient chacun un numéro. C’était le cas de la grand-mère de mon père. Elle était veuve et elle a obtenu le N°13. Le jour où elle a rendu l’âme, c’était en 1941, le N°13 ne serait attribué à aucune autre personne, il lui appartient à elle seule.

Quand il s’agira d’une nouvelle famille, elle obtiendra un numéro qui sera après le dernier numéro de ce recensement.

Toute cette procédure est vraie pour toutes les familles juives des villes telles que Saïda, Deir El Kamar, Beyrouth et Zahlé en réalité tout le Liban.

Il y avait un grand problème pour toutes les religions du Liban. C’était en 1932, il y avait différentes écritures qui causaient des problèmes, chacun pouvait les lire différemment.

C’était le cas de la famille de ma mère qui s’appelait ABSSI. L’agent qui avait noté son nom l’avait mal écrit et la personne qui l’a lu par la suite avait lu « ISSA » au lieu de « ABSSI ». Nous étions obligés de porter plainte et de la déposer auprès d’un tribunal pour que son nom soit corrigé dans l’état civil.

La même chose est arrivée au nom de mon père « GIRGI » Concernant ma sœur dans son état civil le nom de mon père est bien noté « GIRGI » tandis que mon nom qui se trouve en dessous du sien portait le nom « GERGES ». C’est une grande différence.

La même chose est arrivée chez les noms et les prénoms des familles juives du Liban.

Par exemple la famille YEDID était écrite d’une façon erronée qu’on pouvait lire actuellement « YADBER » au lieu de « YEDID ».

La famille SHEMS peut être lue actuellement « SHAMMAS » au lieu de « SHEMS »
La famille MIZRAHI peut être lue actuellement « MIZRAMI » au lieu de « MIZRAHI »
La famille LEVY peut être lue actuellement « LINI » au lieu de « LEVY »

Et il y a plusieurs exemples que je n’ai pas notés.

Il faut être une personne qui connaisse vraiment les familles juives pour pouvoir repérer et corriger ces erreurs.

Je suppose que l’agent chargé de noter les noms et prénoms des familles juives était d’une autre religion. Ce qui fait que ce dernier n’était pas habitué d’entendre régulièrement les noms juifs en hébreu, surtout qu’il y a parmi eux des noms Ashkénazes de l’Europe de l’Est, c'est pour cela on trouve des erreurs dans les familles juives libanaises.

A mon avis, il y a un cas particulier que certains juifs ont refusé de corriger leurs noms et prénoms pour garder l'anonymat.


Nagi Georges ZEIDAN
30 décembre 2008
Romainzeidan58@hotmail.fr