La Dispersion des Juifs d'Egypte
par Elie Mangoubi
9 Octobre 2007
J'avais entre neuf ou dix ans
Quand de tragiques événements
Eurent lieu qui me firent penser
Que les temps allaient changer
Que ma nature mosaîque n' allait
Plus être tolérée, là, où Moîse est né.
A l'horizon, un second exode
Allait nous envoyer aux antipodes
Pour la première fois, je ressentais
La peur, mes parents parlaient
De morts, du sang avait coulé
A "Haret El Yahoud" quartier habité
Uniquement par des juifs rabbanites
Aussi bien que des juifs caraîtes.
Quarante deux tués, des tas de blessés
Par les bombes de la haine placées
Par les frères musulmans. Je me mis
A penser à l 'holocauste des nazis
Et que de nouveau du sang allait
Etre versé. Ma peur s'agrandissait
Avec le temps, un grand cousin avait
Eté battu sans merci par des dogues
Après sa sortie de la synagogue
A Abbassiah, près de l'hôpital français.
On parlait de guerre pour libérer
La Palestine des juifs, de les tuer
Je sentais l'inquiètude grandissante
De mes parents dans cette tourmente.
Il me fut interdit d'aller étudier
L'hébreu le soir. J'étais touché
Par la peur, Jérusalem était tombée
Maman pleurait pour les juifs tués.
La tristesse après la fin de la guerre
Demeurait. L'exode de cette terre
Du Nil commencait. Trois ans après
La consternation, le Caire brûlait
Des magasins juifs incendiés
Mis à sac, des juifs battus. Je voyais
Les flammes de la haine, je sentais
La fumée asphyxiante de la colère.
Une année après une lueur d'espoir,
Le roi exilé par l'armée, fallait-il croire
A l'unité de la nation, des religions
Autour du général Naguib, remplacé
Par un colonel malin qui allait afficher
Son intolérance, nationaliser le canal
De Suez et sonner le glas avec régal
De tous les juifs d' Egypte et des pays
Arabes, plus de huit cent mille étaient
Devenus des réfug!és, des déplacés.
La souffrance des juifs continuait.
Dr Elie K Mangoubi©